La plantation de miscanthus à usage énergétique
Si le miscanthus a été choisi après la démarche d’assainissement, ce n’est pas un hasard : « une fois planté, le miscanthus nécessite peu de maintenance, son coût est moindre (ndlr : 3.000 à 4.000 €/ha planté) et, visuellement, cette plante est intéressante pour embellir le paysage industriel du site, » explique Pascal Hillewaert.
Au vu des antécédents du sol et malgré les quelques ravages externes (notamment causés par les lapins), Pascal Hillewaert constate que le bilan de la plantation est prometteur.
En 2017, la première récolte de miscanthus sur ce site sensible a généré 10 m3 de matières (516 litres équivalent mazout). Cette quantité de miscanthus, récoltée trois ans après la plantation, n’était pas optimale mais il s’agit du premier cycle de production.
« Pour une surface de culture de 45 ares, nous pourrions obtenir l’équivalent mazout de 3.150 litres avec un bon rendement final pour la culture, » précise Pascal Hillewaert.
Actuellement, la totalité de la biomasse plantée sert de combustible à la chaudière d’Olivier Ghesquière, agriculteur vivant à Boussu, à 3 km de là. L’année dernière, grâce à une première récolte, ce particulier a pu alimenter sa chaudière avec les 10 m3 de miscanthus du site de Saint-Ghislain et 240 m3 de miscanthus provenant d’une plantation d’un hectare située à Herchies (Jurbise).
« Le miscanthus a une densité variant de 110 à 140 kg/m³, fonction de sa granulométrie. Son pci (ndlr : pouvoir calorifique inférieur) est de 4,3 kWh/kg, donc une tonne de miscanthus équivaut à 4.300 kWh, soit 430 litres équivalent mazout, » indique Olivier Ghesquière.
A terme, le miscanthus de Saint-Ghislain servira à chauffer les bureaux du site, au moyen d’une chaudière mixte biomasse/pellet. En cas d’hiver rigoureux, l’appoint en énergie – nécessaire à la chaudière – pourra facilement se faire par des pellets de bois stockés sur place.
Un projet réplicable ailleurs
Pour mener à bien ce projet, un investissement conséquent en temps et en argent a été nécessaire, rappelle Pascal Hillewaert. Malgré cet investissement important, il constate que cela valait le coup. « Nous en avons tiré des enseignements positifs en interne. Lorsqu’il faut assainir un site, la phytoremédiation fait dorénavant partie des solutions envisagées par l’entreprise,» conclut Pascal Hillewaert.
Ce projet démontre qu’il est possible de transformer un site historiquement sensible en un site propre, avec une réelle plus-value. En cela, il constitue une démarche exemplative, susceptible d’être répliquée ailleurs.
Contacts
- Aricia Evlard, chef de projet phytomanagement chez ValBiom ;
- Pascal Hillewaert, responsable multi-énergies et efficacité énergétique chez TOTAL Belgium (membre ValBiom) : pascal.hillewaert@total.com
- Olivier Ghesquière, utilisateur de miscanhtus et employé chez Ardea (membre ValBiom) ;
- Jean-Yves Dumont, manager Dépôts Wandre-Wierde-Marbehan chez TOTAL ;
- Thomas Lambrechts, ancien doctorant à l’UCL, qui a mis en œuvre le projet de phytoremédiation.
Portraits d’initiatives en Wallonie
Cet article répond à notre volonté d’informer le public, d’inspirer de futurs porteurs de projet et de susciter la curiosité. Concrètement, l’ensemble des portraits réalisés sur cette thématique se focaliseront tous sur un site marginal d’usage ayant bénéficié de la mise en œuvre d’une plantation (ou application in situ du phytomanagement).
A lire également :
- L'Ile aux Corsaires d’Angleur : d’un site industriel à un site revégétalisé et protégé – ValBiom, 06/12/2017
ValBiom, animateur central pour le phytomanagement en Wallonie
Depuis 2015, ValBiom se positionne comme animateur central pour le phytomanagement des sites marginaux d’usage en Wallonie : notamment, en répondant à des sollicitations de propriétaires, en soutenant les scientifiques actifs dans le domaine, mais aussi en faisant un lien vers les pôles utilisateurs de biomasse et prestataires de services. Aujourd’hui, ValBiom franchit une nouvelle étape : l’asbl souhaite partager ses connaissances en la matière avec le public et, via ces portraits d’initiatives, lui donner l’envie de s’informer sur la thématique et, qui sait, devenir lui aussi « porteur de projet ».
[1] Le phytomanagement est une pratique qui vise la production d’espèces végétales sur des sites marginaux d’usage en vue de créer des produits/matériaux innovants, des bioénergies et/ou agir sur la pollution en place (phytoremédiation).
[2] La phytoremédiation fait référence à l’usage de phytotechnologies appliquées pour gérer les sites pollués. Ces phytotechnologies regroupent un ensemble de techniques qui utilisent in situ des espèces végétales pour contenir, extraire ou dégrader des polluants inorganiques ou organiques du sol.
[3] Les « pellets TOTAL » sont issus de la valorisation des déchets d’une scierie locale située à Vielsalm, active dans la fabrication de bois d’œuvre, du bois provenant de forêts certifiées.















